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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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Au jour le jour

Lundi 11 août 1 11 /08 /Août 08:56

SuiteJe ne me reconnais plus dans ce blog.

Lorsque je l'ai ouvert après une longue absence, ce fut le choc. Des publicités pornos avaient envahi mon espace, s'étaient invitées dans les menus et sur la bannière.

Même les liens étaient contaminés : une fois sur deux, au lieu d'accéder à mes blogs favoris, je suis redirigée vers des pages de euh, rencontres sexuelles ?

Je n'ai rien contre le porno, les couguars, les plans cam et les vidéos "hot". En revanche, je veux pouvoir avoir le choix.

Ici, je ne l'ai plus : il est désormais impossible d'enlever les pop-up et autres pubs. Il faut donc les subir... ou partir.

Alors je pars.

 

Je me suis demandé si l'aventure blog, c'était fini. Ce blog a été créé il y a 7 ans...

C'est une longue tranche de vie, 7 ans.

Un cap fatidique pour les couples, il paraît.

Ces 7 dernières années furent remplies de grandes décisions, de voyages, de rencontres, d'emmerdes et de joies, de coups de blues et de coups de coeur.

Si je ne les avais pas consignés ici, beaucoup auraient perdu de leur acuité. Les pires comme les meilleurs souvenirs s'effacent. C'est à la fois le rôle et la magie de l'écriture que de les restituer à l'authentique. Dans leur vérité ou presque, tant la petite voix qui parle dans ma tête raconte bien mieux que ma plume qui, elle, s'efforce de retranscrire.


De fidèles lecteurs devenus des amis se sont inquiétés de mon silence. Ils regrettaient ce blog déserté, la première page jamais mise à jour. Mes mots leur manquaient un peu, je crois. Et à moi l'écriture manquait aussi.

J'ai décidé de continuer ailleurs.

Et ailleurs, c'est ici. <-- Clic !

 

Merci à tous pour votre fidélité tout au long de ces années.

Ce blog est mort, vive le blog !

Alda.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Jeudi 16 janvier 4 16 /01 /Jan 15:53

Culture de la peur 1Sofee rit et ses joues se creusent de fossettes. Elle agite les mains et ses bangles, de fins bracelets multicolores, s'entrechoquent. Derrière ses lunettes ses yeux brillent d'intelligence et de malice.

Je ne connais pas Sofee mais Sofee m'a déjà conquise. Difficile de rester insensible à l'énergie communicative, au charme et à la gentillesse de cette petite femme replète.

Sofee est indienne, parle un anglais parfait et se débrouille en français. Elle occupe un poste-clef dans la ville que bientôt, je vais habiter.

Trois ans et demi aux Philippines, ça suffit. L'heure de voguer vers de nouveaux horizons a sonné.


Bertille et moi avions programmé cette visite depuis les Philippines. Nous ignorions que période des fêtes oblige, l'immeuble serait désert.

La seule fidèle au poste, dévolue à l'accueil, au standard et à la paperasse, c'est Sofee.

Les lieux étant vides, elle prend le temps de nous narrer quelques anecdotes. Et des anecdotes, elle en a beaucoup.

Alors que la voilà lancée sur la difficulté de travailler dans un univers féminin, elle me fixe, marque une pause et me lance de but en blanc :

- Vous êtes vraiment une belle femme.

Le compliment me prend au dépourvu. Me touche aussi car depuis plusieurs mois, je n'aime guère mon reflet dans le miroir. Je pense que de toute façon, l'inaltérable enthousiasme de Sofee la pousse à exagérer.

Ses yeux vifs s'attardent sur mes yeux clairs, longent mes épaules, filent le long de ma gorge pour flirter avec mon décolleté. Troublée, embarrassée, je ne sais que lui répondre mais Sofee n'attend pas de réponse.

 

Culture de la peur 2

- Vivre ici n'est facile pour les femmes, surtout si elles sont belles... reprend mon interlocutrice.

Je ne souffle mot.

Pas facile, vraiment ?

Je n'ai rien remarqué.

Notre séjour se déroule pour l'instant sans encombre. Quant à la semaine passée quatre ans plus tôt dans cette ville, je n'en garde que de bons souvenirs.

Personne ne m'a harcelée dans la rue.

Personne ne m'a espionnée à l'hôtel.

Aucun homme ne m'a suivie, lancé des propositions indécentes, abreuvée de grossièretés.

Aucun n'a même osé me toucher.

Les habitants semblent d'ailleurs assez indifférent aux touristes. Je n'ai pas l'impression d'être une bête de foire, un porte-monnaie sur pattes, une menace ou une intruse.

Pas facile, vraiment ?

Voyager ici m'apparaît au contraire aisé, aux antipodes de mes périples en Inde ou en Indonésie.

Là-bas, oui, c'est dur pour une femme, a fortiori seule. Périlleux, même.

Alors, pas facile ?

Je garde un silence prudent. Ne pas encore habiter ici me retire sans doute toute voix au chapitre, mais j'ai déjà ma petite idée. Elle, elle va à l'encontre de l'opinion de Sofee. 


Celle-ci enchaîne sur la tenue attendue pour les femmes au travail. Et au quotidien, ce n'en est que mieux. Il s'agit sans surprise de boutons fermés jusqu'au cou, de longues manches et de longues jupes. Pas un fragment de genou ni d'épaule, parties hautement érotiques s'il en est, ne doit dépasser.

Se le tenant pour dit, Bertille finira notre séjour en tunique et en pantalon malgré la chaleur. Moi, je continuerai à porter des jupes et des T-shirts à bretelles.

Suivre les coutumes, ne pas choquer, respecter les sensibilités, les croyances et les religions est en effet essentiel dans un pays étranger. Mais dans celui-ci les locales ne s'habillent pas en nonnes. Quant aux nombreuses touristes, elles déambulent comme bon leur semble dans l'indifférence générale. Et jusqu'à nouvel ordre, je ne travaille pas.

Sinon je me conformerais à l'usage, bien sûr. L'inverse serait stupide.


Culture de la peur 3bisLes propos de Sofee ont éveillé en moi une gêne familière. Si je m'écoutais, elle marcherait main dans la main avec la colère. Peut-être parce qu'ici ou ailleurs, au Cambodge, au Laos, en Thaïlande, aux Philippines, en Inde, ces propos, je les ai déjà entendus.

Ils venaient presque toujours de femmes, et de femmes qui ne voyageaient pas.

Prétendre que voyager met à l'abri du danger ou de la peur serait idiot.

En revanche, je crois qu'en voyageant sac au dos on apprivoise l'un et l'autre.

Parce qu'il le faut.

Parce que sinon, autant rester chez soi.


Je crois aussi que les médias et partant, notre société nous infligent une culture de la peur. Et que cette culture, nous finissons bon gré mal gré par l'épouser, surtout dans un contexte de récession économique.

Ne pas faire ci, ne pas choisir ça, ne pas penser, interroger, remettre en cause... La peur est le plus sûr moyen de contrôle des masses, le plus efficace agent d'uniformisation, le plus autoritaire des tyrans et la meilleure des dictatures.

Retorse, elle jouit de surcroît d'un alibi parfait : "C'est pour votre bien !"

Tout présenter comme dangereux, nocif, risqué revient à décourager quiconque d'oser ou de suivre cette voie. Avec la peur au ventre, la liberté se réduit à peau de chagrin. Elle n'est plus un idéal mais une ennemie, un fardeau duquel il est urgent de se débarrasser. Se planquer devient vital. Force est de se garantir de tout, à commencer par vivre un peu en dehors des clous.

Mais où sont les clous ?

Chacun les voit à sa porte.

 

Culture de la peur 4Pour Ayleen Guindelcor les clous ne sont pas loin. Ma chère dentiste en convient volontiers, elle regarde trop la télé. Et la télé aux Philippines, c'est une suite de feuilletons à sensations, de nouvelles sordides, de viols, d'attentats et de meurtres ignobles.

Le drama philippin, en somme.

Ayleen en conçoit une terreur du monde. Elle ne se déplace pas à pied, ne parle pas aux inconnus, ne s'aventure jamais seule en dehors de sa ville.

Et encore en évite-t-elle certaines parties : un grand marché et ses abords, une rue fréquentée par des badauds de tout poil.

Apprendre que je m'y promène lui fait ouvrir de grands yeux.

- Mais Ayleen, j'y vais en plein jour ! C'est bourré de magasins et la police n'est pas loin !

Même. On ne sait jamais, il peut y avoir des pickpockets, des malfrats et des dealers.

Ma dentiste est un cas extrême mais pas isolé. La liste de mes voyages la plonge dans un effroi admiratif mêlé d'une pointe d'envie. À ses yeux je suis une Martienne, une rebelle, une aventurière intrépide. Comprendre : une folle à lier.

Mais trop polie, elle ne me l'avouera jamais.

 

Où sont les clous ?

Est-ce vraiment difficile pour une femme d'habiter dans ma nouvelle ville ?

La réponse bientôt. En attendant, je n'ai pas peur.

 

 

Pin-up de Gil Elvgren ; toile de Botero ; photo bondage d'Araki.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Lundi 16 décembre 1 16 /12 /Déc 17:42

SanukMa vie manque de sanuk. Cruellement.

Sanuk, prononcer sa-nouk, est un mot thaï. Il signifie s'amuser, rire, avoir du plaisir, mais son sens va bien au-delà du simple amusement : le sanuk est une certaine vision de l'existence, un condensé culturel en deux syllabes.

Voir ses amis, chanter, tenir une boutique, planter le riz... Quoique les Thaïs fassent, ils cherchent à y injecter du plaisir.

Tourner la contrainte en joie, rendre chaque moment drôle, unique et délectable, voilà une belle philosophie... et une sacrée gageure.


Le sanuk s'est absenté de ma vie depuis plusieurs mois. Je fais les choses parce que je dois les faire, sans plaisir particulier, davantage par obligation que par envie.

Cela ne me convient pas.

Les événements de cette fin d'année y sont pour beaucoup, bien sûr. Mais j'ai moi aussi ma responsabilité dans la disparition du sanuk. Fatigue, désintérêt ou usure, va savoir.

La faute en partie à ces longues semaines derrière l'ordinateur. Un livre à rédiger dans un délai trop court, projet mal ficelé aux corrections qui n'en finissaient pas. La crainte de ne pas terminer à temps et l'élan pour terminer, aiguillonnée par l'arrivée d'un homme.

Cet homme, je l'appelais le mien.

C'était lui dont mes oreillers, la nuit, mimaient le corps. Lui auquel je parlais en son absence, l'imaginant dans la chambre alors que je travaillais sur la terrasse. Lui auquel mes rêves et mes fantasmes avaient prêté domicile. Lui qui me faisait mordre davantage sur la nuit pour lui écrire des messages qu'il trouverait au matin. Parfois à l'aube, quand ses insomnies répondaient aux miennes.

Cet homme est arrivé avec le typhon. Drôle de période pour commencer une histoire...

Tous nos projets se noyèrent sous des trombes d'eau. Loin de plonger, de rire, de jouir, nous nous retrouvâmes coincés dans ma villa sans eau ni électricité. Malades, sans l'énergie de vraiment profiter l'un de l'autre.

 

Sanuk 2Le sanuk est aussi, voire surtout, une question de volonté.

C'est se forcer à descendre du train qui nous emporte sur fond de jours monotones, destination Grisaille-sur-Ciment.

C'est prêter attention à nos gestes et à l'instant au lieu de les vivre en robots, la conscience en léthargie.

C'est se contraindre à changer nos petites habitudes pour les rendre inhabituelles.

À ce jeu-là un simple détail fait toute la différence.

Par exemple m'allonger "à l'envers" sur mon matelas, tête tournée vers la fenêtre et non vers le bois de lit. Les yeux levés, je vois la terrasse au lieu du mur et un coin de ciel. La brise qui s'engouffre par la fenêtre me chatouille le dos.

Voilà qui est sanouk.

Pour moi qui traîne toujours un sac, m'obliger à sortir sans. Enfin avancer l'échine droite en m'étonnant de la sentir si libre, en savourant cette légèreté. Enfin me dépouiller du superflu pour ne conserver que l'essentiel et jouir, à mon retour, du superflu retrouvé.

Voilà qui est sanouk. Un sanouk de rien, qui réclame à peine de l'imagination.


S'efforcer au quotidien d'infléchir l'habituel est une gymnastique. Tenter d'apprendre chaque jour quelque chose de nouveau, même infime, est un exercice. Toutes les connaissances ne se valent pas mais chaque parcelle neuve embellit ma journée.

Découvrir le travail d'un photographe ou lire un bon article me réjouit, mais retenir chaque jour un nouveau mot d'anglais me suffit. À ce rythme-là dans un an, j'en saurai 365 de plus.

Curiosité et ouverture sont étroitement liées au sanouk. Au mien, du moins.

À Taïwan, une phrase de Pierrig m'avait frappée :

- Je ne rentre jamais par la même route.

Juchés sur une moto, nous hésitions à un carrefour. Fallait-il tourner à gauche ou à droite pour rejoindre l'hôtel ?

Choisir et peut-être se tromper est sanuk.

Sans sanuk je m'étiole et végète. Je ne vais ni bien ni mal, je vais.

Ce n'est pas assez.

 

Sanouk 3

Une vie vouée à la répétition m'effraie. J'ai besoin de neuf, de fantaisie. De surprendre et d'être surprise, d'être emmenée et d'improviser. De m'amuser, de me lever avec gourmandise et appétit. De bousculer les cadres poussiéreux et les idées trop bien rangées.

On n'affectionne pas les pays bordéliques par hasard...


J'aime marcher seule dans les rues, sans guide ni but, pour le simple plaisir de la balade.

M'arrêter dans un boui-boui quand j'ai faim, à une buvette quand j'ai soif.

Goûter des aliments bizarres.

Bouquiner sur un banc.

Héler un taxi pour revenir à l'hôtel, vu que je n'ai aucune idée de l'endroit où je me trouve. Sens de la désorientation aidant, je suis de toute façon perdue au premier coin.


J'aime suivre mes intuitions, mes coups de fantaisie, ma voix intérieure qui me souffle telle une mauvaise gamine : "Faisons ça, allons-y, on va rigoler !".

J'aime descendre d'un bus avant mon arrêt parce qu'un quartier bruissant m'attire.

Me faire tirer les cartes dans le Chinatown de Bangkok, le jour du Nouvel An chinois. Essayer de comprendre les paroles de ce vieux Thaï à l'accent si prononcé. Acquiescer lorsqu'il affirme que ma vie se place sous le signe du voyage.

- Travels, many many !

J'aime rencontrer des gens, parler à des inconnus, partager un bout de discussion ou de journée.

J'aime les hommes, et certains plus que d'autres. Et plus ils sont sanuk, plus ils me sont nécessaires.

 

Dans la nuit de demain direction la Malaisie. Je quitte enfin ma villa pour tailler un bout de route. Je me la souhaite sanuk.

J'en ai cruellement besoin.

 

 

Dessin de Mucha ; 2e photo d'Irène Suchocki ; 3e photo de Saudek.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Mercredi 27 mars 3 27 /03 /Mars 18:50

L'épisode précédent ici.

 

RV escort 15Warren est nu, à l'exception de ses bottes et du châle vert qui ceint sa taille.

Sous l'étoffe ajourée sa peau se devine.

Autre chose aussi, une protubérance qui oscille à chacun de ses pas.

Je fronce les paupières pour mieux voir.

Oui, le tissu forme bien une bosse. Une grosse, me semble-t-il.

Soudain de profil, Warren en exhibe la taille plus que respectable. On jurerait un faune priapique rivés dans des santiags.

Moi qui m'attendais à un sage strip-tease, me voilà soufflée.

Warren utilise-t-il un accessoire ? Un godemiché, peut-être ? Une banane coincée dans un slip couleur chair ?

Mais d'ailleurs, en porte-t-il un, de slip ?


On a dark desert highway...

Mon cerveau récite en vain les paroles des Eagles. Celles-ci ne viennent pas. Le show sera purement instrumental, et durant sa totalité je rétablirai les paroles manquantes.

Warren ondule au rythme des guitares, me présente son dos musclé, agite sa croupe, gonfle ses biceps. Sous l'arceau de ses coudes ses yeux cherchent les miens. S'y rivent alors qu'il se retourne, transfiguré.

Ce n'est plus le jeune homme un peu timide qui évoquait ses chasses aux oursins dans un sourire de gosse.

Ce n'est plus le fils sentimental montrant le tatouage gravé au nom de son père.

Ce n'est plus l'escort butant contre ma chaise, touchant mon épaule en se retenant de l'étreindre, frôlant mon dos sans oser le caresser.

Ce n'est plus le compagnon d'alcool trinquant avant chaque gorgée, le non-fumeur allumant une cigarette pour se donner une contenance.

C'est un homme mûr, provocant, sûr de ses gestes, de son pouvoir sexuel et de sa verge érigée. Un homme à l'affût de mes réactions tandis qu'il écarte ses lèvres, darde sa langue et la promène sur ses dents. Qu'il lèche ses doigts et agace ses tétons. Qu'il tend un bras dans ma direction et feint de me remorquer jusqu'à la scène. Qu'il engouffre une main entre ses cuisses, en sort à demi son chibre et le coince sous la frange de son châle.

Rouge contre vert, hypnotisée je fixe ce gland congestionné. Et je redoute, oui, une brutale intervention du vigile.

 

 

RV escort 16Warren a-t-il le droit de se dénuder entièrement ? En public et dans un pays ausi conservateur que les Philippines ?

Je croyais que le spectacle avait pour limites celles de la bienséance.

Le buste, le ventre, les jambes, passe, il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

Les fesses, pourquoi pas.

Mais une érection ?

Naïve je supposais que la partie explicite était réservée à l'obscurité du fond de salle, à l'intimité d'une chambre d'hôtel.

Je me trompais. Sauf si le vigile ne se décide à violemment arracher Warren du podium.

Rien ne se produit.


Soudain je comprends pourquoi la préparation à cette danse fut si longue. Et me demande, forcément, si Warren tiendra la distance.

Hotel California dure six bonnes minutes. Planté sur une scène surchauffée, trempé de sueur, aveuglé par les spots, un homme peut-il sans faiblir rester six bonnes minutes dur comme un tronc, un caillou, une clef à molette ?

Warren le peut, en effet, mais il triche. Se tripote au détour d'un accord, s'astique sur un solo, le tout sans cesser, jamais, de me contempler.

Aguicheur, insolent, obscène, il semble vouloir me donner un avant-goût de notre nuit si je l'invitais à l'hôtel. Un aperçu de notre débauche par un étalage de virilité, une démonstration de ses talents, une preuve de sa capacité à bander encore et encore pour me satisfaire, quitte à devoir relancer la machine.

Mais ai-je envie de l'inviter ?

Telle sa verge oscillante je balance entre oui et non. Et n'ai pas le temps de me fixer qu'il s'éclipse de la scène.

Pour foncer droit sur moi.

 

Deux notes électriques et mes lèvres font face à son ventre nu.

Je me dandine gênée. Loin de me réconforter, mes furtifs coups d'oeil alentour confirment mon intuition : tous les clients, tous les escorts, tous les serveurs d'El Navigator m'observent. La mine intriguée pour certains, amusée pour d'autres.

Sûr qu'ils spéculent, tous, sur mon prochain mouvement.

Moi aussi.

Que suis-je censée faire ? Qu'ai-je d'ailleurs envie de faire ?

La présence de ces spectateurs curieux me dérange. Il y a trop de monde, trop de lumière, trop d'attentes auxquelles je suis sommée de répondre.

Warren dénoue son châle qui tombe sur le sol.

Me voilà nez à nez avec sa bite.

Je pourrais l'embrasser, la branler, la sucer que son propriétaire ne me repousserait pas. Sûrement même est-ce ce qu'il souhaite.

Je pourrais faire tout ce que je veux, oui, sauf une chose : me ruer sur mon portefeuille pour gratifier mon stripteaseur d'un pourboire.

D'abord parce que ses cuisses collées à mes rotules m'empêchent de bouger.

Ensuite parce qu'il n'a nul endroit où coincer un billet. Ni pantalon à poches ni slip moulant comme dans les effeuillages à la télé. Ni même l'élastique d'une longue chaussette, puisque Warren n'en porte pas.

Alors que suis-je censée faire ?


RV escort 17Warren m'a laissé carte blanche. Je ne l'ai pas jouée, il tranche à ma place. Penche le menton vers mes iris, s'empare de mes paumes et les pose sur ses tétons.

Puis, comme son collègue un peu plus tôt, les pousse le long de ses côtes. Jusqu'au rêche de ses poils publiens, jusqu'au velouté de sa hampe.

Mains recroquevillées sur les miennes, il leur imprime un lent va-et-vient.

Sa verge se raidit encore tandis que je me dérobe.

Warren déplace la table qui dans son dos le gêne. Aussitôt un serveur se précipite pour l'enlever.

Ma chaise, un îlot égaré dans un océan de musique.

Mon corps, une brique flanquée toute droite.

J'ai trop de bras, trop de jambes, trop de pieds. Un duo de cuisses crispées que Warren soudain enfourche bottes écartées, coudes amarrés à mon échine.

Que ressent-il à étreindre une femme de marbre ? À embrasser une gisante ?

Je l'ignore. À sa place je n'apprécierais pas.

Une brusque avancée de bassin projette sa bite au creux de mon estomac.

Un brusque recul la fait heurter mon entrejambe.

Avant, arrière, Warren ondule et se déchaîne. Mes genoux supportent un automate remonté à bloc, un lapin Duracell dopé aux pilules bleues, une machine à forniquer ma robe.

Une impression d'irréalité doublée de ridicule me submerge.

J'ai envie de rire, aux éclats. De crier pour de faux. De m'ébrouer comme une pouliche. De me reculer au risque de précipiter mon fardeau sur le plancher. De lui ordonner d'arrêter parce que décidément, il faut que ça s'arrête.

Hotel California est encore long. Bien trop.

Une paume ferme contre son coeur suffira.

Mon galant se lève, me sourit, frôle ma joue et regagne la scène. Le sillage blanc des spots l'accompagne.

Le serveur remet prestement la table en place.

Et moi, je respire.

 

Un autre danseur a succédé à Warren. Lui m'a rejointe. Il porte son short et son T-shirt. Il sent le savon et le parfum. Il me pelote le bras. Il me picore de baisers. Il m'enlace. Il rigole.

- Vraiment, tu ne t'y attendais pas ?

- Du tout !

- Mais c'est ça, mon métier...

Ça quoi ? je me retiens de dire. Les bandaisons déhanchées ? Les cavalcades sur les jupes des filles ?

Je lui explique que les spectateurs m'embarrassent. Que certains gestes, trop privés, supportent aussi mal la clarté des lustres que la promiscuité. Dans un club libertin, pourquoi pas. Mais là, à côté du bakla et de la tablée de Philippins...


RV escort 18bisJe ne m'aperçois pas que mon discours équivaut à une invitation. Qui n'échappe pas à mon vis-à-vis, bien sûr.

- Tu me voudrais dans ta maison ?

- Non, dis-je spontanément.

Warren opine du chef, déçu. Je comprends alors que j'ai peut-être mal compris : ma maison, c'est pour moi ma villa sur un îlot, pas l'hôtel de cette grande ville de passage.

Warren l'entend sans doute différemment.

Tant pis.

- Mais vraiment, tu ne t'attendais pas à mon show ?

Ma surprise et ma gêne le mettent en joie. Je m'en amuse aussi, d'autant qu'il me promet une seconde danse.

Je pouffe.

- Chiche !

La seconde sera identique à la première. Enfin, pas tout à fait.

Pour venir à moi Warren gardera son châle. En étendra les pans pour cacher mes paumes à l'assemblée. Gémira alors qu'elles courront, tour à tour légères et appuyées, sur son ventre, ses fesses, son sexe. Mêlera sa langue à la mienne avant de refermer le tissu sur notre secret.

Longtemps mes doigts retiendront ses effluves.

 

Lorsque je quitterai la salle, mon escort refusera de lâcher ma main. C'est pressé contre mes flancs qu'il m'accompagnera jusqu'au taxi et m'embrassera une fois, deux, dix, comme si je partais pour un long voyage. Recommandera au chauffeur de conduire avec prudence. Me soufflera par la vitre ouverte avec une tendresse, un désir peut-être authentiques :

- Come back, I'll be waiting for you !

Revenir à Cebu, c'est en effet pour bientôt.

Mais à El Navigator ? Je l'ignore. Je crois que oui.

 

 

Photos : 1re : Vincent Bousserez ; 2e : Christer Strömholm, 3e : Araki.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour - Communauté : les blogs persos
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Lundi 25 mars 1 25 /03 /Mars 19:10

L'épisode précédent ici.

 

RV escort 10Le jeune homme me regarde avec attention. Je l'imite sans savoir que lui dire.

C'est lui qui rompt la glace d'une formule convenue :

- Is it your first time here ?

Mon petit diable intérieur brûle de répondre que non. Que chaque soir me cueille dans un club de gigolos pour choisir une proie. Et que je la dévore.

Sans pitié. Toute crue.

Pas certain que mon vis-à-vis goûterait la plaisanterie. Peut-être même croirait-il que je suis une dangereuse psychopathe.

Aussi dis-je platement :

Yes, first time.

Il acquiesce d'une mine complice, une qui sous-entend beaucoup mais ne parle guère.

Je garde aussi le silence en lui laissant, non sans curiosité, l'initiative.

Divertir les femmes, c'est son métier, non ? Alors j'attends d'être divertie.


- My name is Warren. Nice to meet you !

Thanks ! Me too, hu... Warren.

Mon hésitation est perceptible.

Warren, vraiment ?

Pour se protéger, préserver leur anonymat et se garder des clients intrusifs, tou(te)s les escort(e)s que je connais travaillent sous un faux nom. Probable que Warren ne s'appelle pas Warren mais Dodong ou Harry. Warren doit être son nom de nuit, son identité de scène, sa persona d'homme public.

Pour un peu je le prierais de ne pas me mentir, de jouer cartes sur table même si l'on joue.

Mais qui suis-je pour l'exiger ?

Warren, Dodong ou Harry, cela fait-il d'ailleurs une quelconque différence ?

Aucune.

Va pour Warren, alors.

- And your name ?

Nouvelle hésitation. Lequel lui donner ? Celui de mon passeport ou celui de mon choix, que nombre de personnes utilisent ? Ou un autre, inventé, dont je me fiche, une identité jetable qui n'est pas mienne ?

Cela fait-il d'ailleurs une quelconque différence ?

Aucune.

Va pour le nom de naissance, alors.

- Oh, what a beautiful name !

Warren le répète en arrondissant les lèvres. On dirait une volée baisers suspendus dans l'air moite.

Sa chaise vient buter contre la mienne.

Notre intimité naissante s'enorgueillit d'un nouveau pas, je crois. 


RV escort 12Un serveur accourt. Suis-je d'accord pour offrir un verre à mon compagnon ?

- Of course !

Je suppose que chaque verre lui rapporte une commission.

Je suppose également que des clients refusent, ce qui me paraît radin.

À moins qu'un refus ne s'inscrive dans un code tacite : repoussé, le jeune homme doit quitter la table. Pour qu'il y reste, le verre devient une obligation.

Payer, c'est donc lui signifier qu'il plaît. Et Warren ne me déplaît pas, c'est certain.

Coup de torche sur l'addition de son rhum-Coca : 250 pesos, soit 100 de plus que mon gin-tonic, signature requise.

Les consommations des danseurs semblent plus onéreuses que celles des clients. Une façon de rémunérer leur compagnie, sans doute.

À la vue de mon portefeuille, le serveur rit.

- Non, Mââm, vous paierez à la fin, en sortant !

Ah. Une tactique commerciale, sans doute. Facile de perdre le décompte des verres lorsqu'on ne les règle pas un à un. Voire, pour les clubs malhonnêtes, de trafiquer l'addition.

 

Tchin tchin !

Warren lampe une large gorgée. Je me demande s'il boit vraiment du rhum-Coca.

Nombre de bars à champagne ne servent que de l'eau gazeuse à leurs hôtesses. Tromperie vis-à-vis du client, certes, mais sans préjudice pour leurs santés : au train où les filles enchaînent les verres, beaucoup finissent alcooliques.

Mes réflexions se brisent sur la voix de mon compagnon.

Penché à mon oreille, celui-ci souffle :

- Where do you come from ?

- From France.

Oh, voilà donc pourquoi je suis belle ! Beaux, tous les Français le sont, c'est connu.

Cliché, le compliment me pousse à sourire. Sous une forme ou une autre, il doit être servi à chaque client. Essentiel de les flatter, crucial qu'ils se sentent précieux, uniques, et par-dessus tout désirés.

Suis-je vraiment au goût de Warren ? Je l'ignore.

Cela fait-il d'ailleurs une quelconque différence ?

Aucune. Mais à plus d'une reprise je le surprends à me scruter à la dérobée, pupilles ricochant de mon front à mon cou, de mon nez à mes seins, de ma bouche à mes cuisses. L'air interrogateur, comme s'il s'étonnait de me voir là. Ou s'étonnait de se voir, lui, à mes côtés.

Je lui demande s'il doit parfois se forcer.

Souvent, hélas. Mais ce soir, Warren est heureux. Il n'a vu qu'une belle femme dans le club et cette belle femme, il l'a abordée.

Même qu'il va danser spécialement pour elle. Bientôt.


 

RV escort 11En attendant, Warren a envie de papoter.

- Are you married ? No ? You have a boyfriend, then ?

Je manque de m'étrangler au gin-to. Quelles drôles de questions !

- Me too, I'm single ! poursuit-il réjoui.

- Really ?

Je pouffe du tour surréaliste de la discussion. Familière, cependant, car tous les Philippins qui m'abordent la déroule à l'identique.

Auraient-ils leur chance ?

Si je suis célibataire, ils la courent.

Sauf que venu d'un danseur-escort, le propos me paraît décalé. Absurde, même.

One more rhum-Coke for Warren, Mââm ?

D'accord.

Warren remercie, trinque avec moi, accepte une de mes cigarettes qu'il laisse se consumer dans le cendrier.

Sans doute ne fume-t-il pas, mais refuser serait une faute.

Nouvelle cigarette. Mon escort allume la sienne sans me proposer le briquet.

Erreur, me dis-je aussitôt.

Ce mélange de professionnalisme et de maladresse naïve me rend Warren sympathique. Comme s'il tentait d'endosser un costume qui ne cesse de glisser, de porter un masque qui ne cesse de se fissurer. Comme s'il n'arrêtait pas de mentir sans cesser de se trahir.


30 ans et toujours célibataire, j'ai pourtant du mal à le croire.

Aux Philippines, cette situation est rarissime. 25 ans équivalant à une date de péremption, ceux et celles qui n'ont à cet âge pas trouvé preneurs ont en général un truc qui cloche. Un sérieux, même.

Quant aux autres, ils mentent.

Mais peut-être Warren dit-il la vérité, après tout. Peut-être appartient-il à la minorité des esprits forts, celle qui refuse que les règles sociales dictent leurs choix, leurs amours, leurs conduites.

Sa profession ne le place-t-elle pas en marge de la société ?

Pour le coup, c'est moi qui me montre curieuse.

Comment est-il arrivé à El Navigator ?

C'est son frère qui l'a incité à postuler, il y a deux ans. Le casting ? Danser devant le patron. Peut-être davantage, qui sait. Je m'abstiens d'aborder le sujet comme celui de son orientation sexuelle. J'ai déjà ma petite idée : Warren préfère les femmes.

Quant à sa famille, est-elle au courant de son métier ?

Non. Vu qu'elle habite une autre île, peu de risque qu'elle ne le découvre. Pour les siens Warren occupe toujours son ancien poste : serveur à Jollibee, le McDo philippin. Emploi quitté sans regret à cause du salaire dérisoire.

Puis travailler en club, c'est plus amusant. Avec son frère, son quasi jumeau, Warren a mis au point un numéro qui remporte un franc succès : exécuter la même danse, face à face dans les cages dorées.

- Libres comme deux oiseaux !

- Oui, Warren, deux oiseaux en cage...


RV escort 14À la table voisine, le bakla pelote les cuisses d'un beau danseur. Le plus dégourdi de la troupe, à l'attitude provoc et au sourire ravageur.

Un quart d'heure plus tôt il a quitté la scène pour offrir son torse nu au bakla. Puis a stoppé devant moi, main gauche tendue.

Bizarre pour un salut, pensai-je.

Je la serrai néanmoins. Le jeune homme rit en happant ma paume qu'il posa contre sa poitrine.

Son coeur y était calme, sa peau douce et brûlante.

Nous nous fixions tandis qu'il poussait mes doigts le long de son ventre. Ma caresse moite mourut sur le renflement de son sexe.

Il m'invita à le saisir à pleines phalanges.

Surprise, je résistai.

Il rit encore, insista alors que je me dérobai, me lança un baiser, tourna les talons et se déhancha jusqu'à la scène.

Et là, c'est au fond de la salle obscure qu'il accompagne une cliente.

- Que font-ils, Warren ?

Celui-ci ne me comprend pas.

Par-dessus la musique je lance alors :

- Are they going to fuck ?

Warren me jette un regard étrange, presque choqué.

- Oh non, il l'accompagne aux toilettes !

- In the toilets, then... Are they going to fuck ?

- No, no !

Nouveau regard choqué. Je manque de m'étouffer de rire.

Un escort qui s'effarouche du verbe baiser, c'est bien la meilleure.

Serait-il licite de faire et non pas de dire ?

Jusqu'où l'hypocrisie sociale ne va-t-elle pas se nicher ?

- Excuse-moi, il faut que j'aille me préparer. Ma danse sera pour toi, as-tu une préférence ?

- Aucune. Musique, chorégraphie, costume... Up to you !

Mon compagnon se lève sur un sourire entendu. Je reste seule.

Longtemps.

Il semble qu'un code interdise à quiconque de me tenir compagnie. Sauf si je le veux, bien sûr.

Des regards glissent sur moi. Des sourires, de petits gestes me sont adressés.

Je ne bouge pas et rien ne se passe. Certainement suis-je devenue la chasse gardée de Warren, la femme à ne plus approcher.

Sauf que le jeune homme, il se fait attendre.

C'est alors que le DJ l'annonce sur Hotel California.

Quand Warren apparaît dans la lumière crue des spots, je réalise mon erreur.

Musique, chorégraphie, costume... Sûrement n'aurais-je pas dû lui laisser le choix.

 

La fin ici.

 

Photos : Housk Randall, Ellen Von Uwerth, Frank Horvat, Cristina Garcia Rodero.

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Dimanche 17 mars 7 17 /03 /Mars 20:10

Le début ici.

 

RV escort 5Moins une que je ne me ravise au dîner. Mon voisin de table, un jeune bakla* en couple avec un Canadien âgé, connaît lui aussi un club d'escorts.

Plusieurs crans au-dessus d'El Navigator, affirme-t-il. Avec une meilleure musique et de plus beaux garçons.

C'est donc là, à El Jaguar, que je devrais me rendre.

El Jaguar... Drôle de nom.

De félines visions soudain m'assaillent. Des hommes bruns aux muscles plus saillants que des pattes de lion, aux dos courbés et luisants, ondoyant entre les chaises et feulant dans la pénombre...

Ongles manucurés devant la bouche, mon voisin pousse alors un cri aigu.

- Non, Mââm, je me suis trompé ! Le nom, c'est Cheeta. Sorry !

Je pouffe dans mon verre.

Cheeta ou El Jaguar, bienvenue dans le monde animal... À choisir, je préfère le jaguar au chimpanzé de Tarzan.

Je demande à tout hasard :

- Et vous y êtes allé, à Cheeta ?

- Oh non !...

Regard en biais vers le bienfaiteur canadien. Il ne s'agirait pas de froisser sa susceptibilité déjà rudement éprouvée lors du repas. Malgré l'insistance de son amant, le bakla refuse de le présenter à sa famille afin d'officialiser leur relation.

Au vu des cheveux mal teints, des rides poudrées, des cils rares gaufrés au mascara et des lèvres en bec de canard du Monsieur, je comprends que, tout riche qu'il soit, il n'est guère le bienvenu au foyer.

- ... mais on me l'a garanti !

- Ah. Je vous crois.

Cheeta ou El Navigator ?

J'hésite. Repense à mes chauffeurs de l'après-midi, aux informations précises de Joel. Me décide pour le second, quitte à en partir rapidement pour cingler vers le premier.

La nuit est encore jeune et la comparaison entre deux clubs pas inutile. De quoi élargir ma vision pour ma petite enquête.

Si l'envie demeure, bien sûr.

 

Nouveau taxi. Conducteur taciturne, cette fois. Le nom El Navigator lui arrache à peine un haussement de sourcils.

Il opine du menton. Il connaît.

Je m'assure d'un retour facile. Mandaue se trouvant à une quinzaine de minutes de Cebu centre, pas question d'y rester coincée.

No worries, Mââm ! Il y a toujours des taxis postés à la sortie du club.

Le club, justement. Il semblerait qu'on en approche.


RV escort 6Coup de frein. La voiture s'arrête.

 - It's here !

Une rangée d'immeubles crasseux baignés d'une lumière chiche, des enseignes éteintes, un trottoir défoncé... Rien qui ne ressemble, de près ni de loin, à une boîte de nuit.

Tout semble fermé, noir, désert.

Are you sure ?

Le chauffeur rit.

- Yes, yes, inside !

Il me désigne une courette pavée. Au fond, onze lettres clignotant du E au R.

Je remarque alors, accroché à un bâtiment, un panneau jaune : El Navigator, gay club.

Club homosexuel ? Me serais-je trompée ?

Tant pis, il est trop tard pour faire demi-tour.

 

L'entrée vitrée contient à grand-peine une musique tonitruante.

A deux mètres des vitres, un guichet.

Derrière le guichet, un employé, l'inévitable vigile armé - pistolet, matraque, menottes -, un jeune mignon à la silhouette compacte.

C'est sa tenue qui me frappe : un débardeur trop étroit pour son torse bodybuildé, un mini-short gainé sur ses attributs, des chaussettes tirées jusqu'à mi-cuisses, des santiags. 

- Un fouet et hop, voilà un parfait Maître BDSM ! me dis-je.

Sans crier gare, des souvenirs de folles soirées parisiennes s'invitent dans la courette.

Le trio échange quelques phrases animées avant de me saluer. Choeur de voix chaleureuses, larges sourires sur dents blanches, mines ravies quoique surprises. Probable que peu de putis (des Blanches) se risquent ici. A fortiori non accompagnées.

- Une seule entrée, Mââm ?

- Yes, please.

- 100 pesos*.

Mon billet disparaît, prestement troqué contre un coupon vert. Le garde s'en empare pour me conduire jusqu'à l'entrée. 

Dans une seconde la porte va s'ouvrir. Un frisson me parcourt.

Je brûle de percer le mystère de ces vitres opaques. Curieuse et impatiente, certes. Mais également intimidée, un peu, en dépit de ma promesse sonnant en réconfort : n'être obligée à rien, et surtout pas à rester.

- Enjoy your evening, Mââm !

- I will ! Thank you !

C'est d'une démarche presque assurée que je pénètre dans le club.


RV escort 7L'intérieur est si sombre qu'un employé doit m'y guider à la lueur d'une lampe de poche.

Face à nous, le comptoir d'un bar avec ses piles de bouteilles.

À droite, un passage pour accéder à la grande salle.

Au milieu, une vaste scène surélevée. Je compte une, deux, trois barres de pole dance.

De chaque côté, deux hautes cages. Ne servent-elles que d'ornements ? Je l'ignore, mais l'échelle abandonnée dans l'une d'elles me souffle que non.

Autour, des tables recouvertes de nappes, isolées ou assemblées en longs rectangles.

Partout des lustres à pendeloques, des guirlandes, de fausses feuilles de lierre, des décos kitsch et dorées.

Perchée sous le plafond, la cabine du DJ. Sa platine reliée aux enceintes crache des décibels à en fissurer le béton. Poussé au maximum, le son se brise, crachotant et distordu.

Ce pur style philippin me réjouit. Tout pour l'apparence, quitte à ce que le tout tienne grâce à des bouts de ficelle. El Navigator, par exemple, se voudrait chic mais ne l'est pas. Il dégage une impression de négligé, d'usagé, de nostalgique de jours meilleurs. Il sonne faux, d'une prétention trahie par le moindre détail : des lampes défectueuses, un mobilier en plastique, des objets qui traînent dans les coins.

L'ultime et amusant détail est l'émission de radio diffusée par un haut-parleur. Quelqu'un a oublié de l'éteindre, sans doute. De fait, un concert de voix nasillardes meuble chaque silence et duplique, parfois, les vociférations atténuées de la musique.


- Mââm, where do you want to sit ? interroge mon guide à la lampe de poche.

J'hésite un instant.

- Here, please !

Le choix est stratégique. Il me faut une table bénéficiant d'un peu d'éclairage, proche de la scène mais pas trop. Simple précaution au cas où un danseur, emporté dans son élan, déciderait de m'y convier.

N'oublions pas que tous sont à demi-nus, outrageusement moulés sous chaque couture et chaussés de bottes - la marque distinctive du club, apparemment.

C'est ainsi qu'à cette minute, un garçon en tenue réglementaire offre le meilleur de son show. Si l'on peut appeler "show" une succession de mouvements estampillés gymnastique, exécutés face aux miroirs qui couvrent les murs.


RV escort 9Narcisse face à l'étang, pupilles rivées sur son propre reflet, l'air indifférent, front lisse et lèvres boudeuses, l'homme danse.

Oscillations du buste, déhanchés du bassin, arc ployé de l'échine, allers-retours de croupe.

Courbettes des jambes, l'une pliée, l'autre tendue. Pause et brusque saut afin d'inverser la position.

Renversé de menton soulignant la gorge arquée.

Ronde des bras, énergiques fouettés d'air, valse des poignets enserrant les dures saillies des épaules, poings fermés brandis vers les cieux...

Certains pas coulent, d'autres s'enchaînent avec maladresse, au bord du déséquilibre. Le spectacle a pour seul but, semble-t-il, d'exhiber des biceps, trapèzes, pectoraux, abdominaux gonflés et un corps glabre ruisselant de sueur.

Superbe corps, certes, pour qui les aime taillés, travaillés, tatoués.


Imperturbable, la guitare égrène ses accords électriques. L'interprète ouvre son short, en écarte les pans, touche son sexe.

L'élastique du slip coupe ses reins d'une ligne sombre, allusivement abaissée jusqu'au haut de ses fesses. Soulignant la pente de son bas-ventre, sa toison pubienne apparaît.

Le dévoilement devrait être sensuel. Il ne l'est pas vraiment.

Le public ne paraît guère compter aux yeux de Narcisse ivre de son image. Mais le public est rare, il est vrai. Mardi est un jour creux et, à en croire le nombre de tables vides, sûrement le monde afflue-t-il le week-end.

Les silhouettes massées au fond ne comptent pas. Leurs tenues indiquent des collègues attendant leurs tours de piste.

Je me retourne.

Tapi dans l'obscurité, un duo masculin sirote une bière.

A ma droite, trois clientes. Détendue et replète, l'aînée porte un carré court et, entre les sourcils, un rond rouge à l'indienne. Plus tard, lorsqu'elle se lèvera, je m'apercevrai qu'il s'agit d'un bakla.

En rang d'oignon à ma gauche, deux couples dans la trentaine et une de leurs amies aux allures de paysanne. Les maris affichent des mines amusées. Leurs compagnes, elles, se poussent du coude et rient, très fort, à chaque geste osé du danseur. Leur attitude évoque des collégiennes en goguette, des oies blanches venues s'encanailler dans la zone rouge du strip-tease.

 

RV escort 8- Mââm ?

Un serveur me tend la carte des boissons. Flash de lampe torche sur les prix : 105 pesos une petite bière, 150 un rhum-coca, 180 un cocktail.

Cher, mais sans excès. Je m'attendais à pire.

- Gin and tonic, palihog!

Le serveur tourne les talons.

Narcisse quitte la scène d'une démarche chaloupée pour disparaître dans un réduit. Le vestiaire, je suppose.

Le DJ annonce l'unique, l'inoubliable, le magnifique Jimmy sur une chanson de Bon Jovi.

Mon verre se matérialise sur la nappe.

Les spots s'éteignent en plongeant les lieux dans la pénombre.

Le soda de mon gin n'a pas de bulles.

J'allume une cigarette.

Soudain, sur le dossier de la chaise voisine, une main se pose.

Mes yeux remontent le long d'une paire de bottes. Au cuir succèdent la peau des cuisses, le jeans effrangé d'un short, le coton d'un débardeur blanc, une gorge mate, un menton aigu et enfin, une bouche fine qui sollicite ma permission : 

- May I sit down ?

J'acquiesce.

La musique renaît de ses cendres alors que le jeune homme s'assoit. Très vite, comme s'il redoutait que je ne change d'avis.

 

La suite ici.

(Et le prochain commentaire sera le 1000e !)

 

 

*Bakla : homosexuel efféminé. Certains, comme mon voisin de table, portent des vêtements féminins, les cheveux longs et du maquillage. Ces travestis - opérés ou non - sont mieux acceptés aux Philippines qu'en France, où ils déclencheraient certainement de vilaines moqueries sur leur passage - si tant est qu'ils osent sortir de chez eux habillés en femme !

*100 pesos correspond environ à 2 euros. Pour avoir une idée des prix pratiqués par le club, une grande bouteille de bière coûte environ 50 pesos au supermarché. Quant au salaire minimum journalier, il est d'environ 250 pesos.

*Palihog : "s'il vous plaît" en Bisayan.


Photos : Bérénice Abbott, Eiko, Christer Strömholm, Francesca Woodman, ArthurTress.

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Jeudi 14 mars 4 14 /03 /Mars 17:40

      Cebu City, mardi 12 mars 2013.

 

 

EscortAyleen Guindelcor dit en riant que je suis folle. Et encore ne sait-elle rien de ma nuit.

Sinon elle n'aurait plus ri du tout.

Et m'aurait traitée de folle.

Pour de bon, cette fois.


Voilà longtemps que le sujet de la prostitution masculine aux Philippines m'intrigue. Que je souhaite m'y intéresser de près et écrire sur le sujet.

Mon séjour obligé à Cebu est un déclencheur : deux nuits à l'hôtel, aucun programme et une chambre en solo, des balades le nez au vent, un brin d'audace, un de curiosité, un de défi, un d'envie.

Non, deux d'envie.

Ce soir, c'est décidé, promis-juré de moi à moi, je m'aventure dans un club où les hommes sont disponibles.

Contre rémunération, of course.

 

Je suis aussi lasse d'imaginer que de parler à la ronde de ce projet, déclenchant soit des gloussements gênés, soit une stupéfaction choquée, soit un intérêt qui se heurte vite à mon ignorance.

Comment se passent vraiment ces rencontres ?

J'ai bien des idées, des hypothèses, des ouï-dire, des récits de bars à champagne* émanant d'hôtesses et de clients. Rien de concret, cependant. Rien de vécu.

Ce sont ces manques que je veux combler ce soir. Même si, je le suppose, la prostitution masculine ne diffère guère de son pendant féminin.

Peu importe.

Je veux les contempler, ces hommes. Apercevoir leurs client(e)s dans la pénombre complice de la salle. Des positions peut-être lascives, des mains peut-être hardies, des baisers sans doute profonds, des étreintes sûrement esquissées pour des accords conclus.

Une liberté sexuelle à l'oeuvre aux prudes Philippines, en somme.

Je veux sentir l'ambiance du lieu. La moiteur, la chaleur, le stupre. Ou à l'opposé la retenue hyprocrite, cette respectabilité de façade épousant l'équation "ce qu'on ne montre pas n'existe pas".

Je veux ouvrir grand mes yeux et mes oreilles. Scruter, m'imprégner, communiquer.

Je veux rire, m'amuser, profiter d'une soirée en forme de bascule. En Thaïlande, en Inde, en Indonésie, aux Philippines, au Laos, au Cambodge, en France, en Hollande... Ce sont toujours, toujours les hommes que j'ai vus choisir une femme.

Pourquoi moi, femme, n'aurais-je pas le droit de choisir un homme ?

 

Escort 2terJe ne me fixe aucun couvre-feu, aucune limite. Outre le respect des gens se trouvant là, la seule sera celle de mon bien-être.

Si je me sens mal, je m'en vais.

Si j'ai envie de payer pour un homme, je paye.

À la condition expresse d'être librement choisie, la prostitution ne me pose ni problème ni dilemme de conscience.

Fut un temps, j'avais - comme tout le monde ? - une opinion sur le sujet. Plutôt défavorable, l'opinion, à base d'idées préconçues et de morale, un peu.

J'avais ce conformisme du prêt-à-penser qui m'agace, conjoint à la volonté de m'en défaire.

Alors j'ai lu, échangé, écouté, rencontré des clients et des filles en activité. Beaucoup appris, beaucoup questionné, beaucoup réfléchi. Remis mes certitudes en cause, entièrement revu mes jugements, affiné mon regard.

Tant et si bien que j'ai songé à moi-même sauter le pas.

Sacré renversement.


Mais pour l'heure se pose une question aussi urgente que cruciale : où me rendre ?

Quels - rares - établissements emploient des escorts disponibles pour des femmes ? Ou pour des hommes et des femmes ?

Quand tu ne sais pas, demande à celui qui sait... et celui-là est tout trouvé : un taxi. Eux seuls connaissent les rues, les bars, les clubs comme leur poche.

Quant aux demandes étranges, ils en entendent chaque jour.

Magnéto arrière, Cebu deux ans plus tôt.

Je glousse encore du quiproquo avec mon chauffeur :

- Un bar à putes ? Mais il y en a partout, Mââm !

De son étonnement lorsque j'avais précisé :

- Non, pas des "putes" comme vous dites, mais des gigolos, please.

De son regard insistant dans le rétroviseur. Muet, perplexe à détailler mon visage, mon cou, ma poitrine, ma robe.

- But you don't have to pay, Mââm !

De mon rire à sa réponse. Je n'ai pas besoin de payer, certes.

Mais là n'est pas la question.

La question, c'est : où me rendre ?

 

 

Escort 2bisMon premier chauffeur de la journée n'est pas sûr, dit-il. Mais en insistant, il le devient et finit par lâcher un nom, puis deux.

Je les répète :

- Trasan à Lapu-Lapu, Naa Biguitor à Mandaue.

Naa en Bisayan* signifie "il y a".

Mais biguitor ?

Des hommes, du plaisir, du sexe ?

Mystère.

Je descends de la voiture sans demander.


Autre taxi, même question. À ce jeu-là mieux vaut croiser les sources, recouper les informations.

- El Navigator, Mââm ! s'exclame aussitôt Joel, le conducteur.

Un club chic, affirme-t-il. Pour femmes, oui, et homosexuels. Avec de beaux gars musclés. Et un show dont il ignore le contenu.

Ravie de tomber sur un interlocuteur aussi coopératif, je pousse mon avantage :

Quel âge ont en moyenne les clientes ?

Les transactions s'opèrent-elles en secret ?

Combien coûte un escort ?

Les détails, Joel les ignore. Tout dépend de l'escort, probablement.

Il sait en revanche que ceux des clubs sont plus chers que les call boys qui battent le pavé, à l'affût des voitures qui ralentissent. Une vitre baissée, un échange de regard, un prix.

Marché scellé.

Les rues des tapins, il peut m'y emmener, mais pas aujourd'hui. Elles ne s'éveillent qu'après vingt heures et non en fin d'après-midi. Et après cette course, le taxi rentre au garage.

Plus loin, Joel me désigne néanmoins un carrefour :

- C'est ici. Là-bas aussi, dans la perpendiculaire.

Je le remercie. Non sans objecter qu'à mon avis, peu de femmes ont recours aux call boys. Sûrement préfèrent-elles un minimum de confort. Pas du romantisme, non, mais pas la sauvette clandestine d'un trottoir non plus.

Sans compter qu'un espace public garantit leur sécurité. Si les risques que courent les garçons sont évidents, ceux que prennent les clientes ne sont pas à négliger.

N'importe qui peut monter dans la voiture, les menacer et les brutaliser, pas vrai ?

Le club permet de nouer un premier contact, de discuter et sentir l'autre pour peut-être se raviser. Sans drame ni scène, les vigiles armés y veillent.

Joel approuve.


Escort 4Mon chauffeur sait aussi que pour repartir avec un escort, il faut s'acquitter d'un bar fine*.

Autrement dit, d'une somme fixe qui dédommage le club de l'absence d'un employé (ou correspond à la mise en relation prostitué(e)/client ?).

La rémunération pour la nuit se discute ensuite.

J'acquiesce. Le système est le même qu'en Thaïlande.

- El Navigator, very good, Mââm !

Soudain j'éclate de rire.

Naa BiguitorNavigator...

Il s'agit sans l'ombre d'un doute du même lieu. Seul l'accent visayan en a déformé le nom.

Deux chauffeurs, deux réponses identiques.

Je tiens mon endroit.

Ce soir, donc, c'est décidé, promis-juré, cap sur El Navigator.

 


La suite bientôt !

 

*Bars à champagne : bars employant des hôtesses poussant le client à consommer, souvent contre - de menues - faveurs. Afin de ne pas être accusé de proxénétisme (banni en France alors que la prostitution y est légale), l'établissement interdit en général les rapports sexuels dans son enceinte. Hôtesses et clients peuvent en revanche convenir d'un rendez-vous à l'extérieur.

*Visayan (ou Bisayan) : langue parlée dans les Visayas. Les deux langues officielles des Philippines sont l'anglais et le tagalog, totalement différent du Visayan. La quasi totalité des habitants des Visayas le maîtrise également.

*Fine ("faillne") : amende en anglais.

 

Photos : Ellen Von Unwerth, Eugène Atget, René Maltête, Weegee.

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