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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Lundi 7 janvier 1 07 /01 /Jan 23:31

Voilà déjà une paire d'années que j'ai contracté le virus de la bougeotte. Lorsqu'il se réveille, les symptômes en sont évidents : j'ai la tête qui chauffe, les jambes qui me démangent. Je tourne en rond comme un hamster dans sa roue. Je mouline à vide. Je m'ennuie. Je me racornis, je m'étiole.
Les couleurs de ma ville s'affadissent, les perspectives perdent leur relief. Le monde devient gris et plat.

Dans les librairies, seule la section consacrée aux guides de voyagem'attire. Sur le net, seuls les sites de vols secs m'intéressent. J'y rentre des destinations au hasard. Je vérifie les disponibilités, compare les prix.
J'égrène à haute voix des noms comme autant de formules magiques : Kuala Lumpur, Oulan Bator, Antananarive, Nouakchotte, Colombo...

Scotchée à mon écran, je me prends à rêvasser : la semaine prochaine, je pourrais piquer une tête dans l'océan indien ; explorer les îles sauvages d'Andaman ; galoper à cheval dans les steppes ; traverser le désert à dos de chameau ; dormir à la belle étoile ou déguster des brochettes de scorpionL

L'ailleurs m'obsède. Je veux y aller, je veux l'étreindre.
Croquer dedans, mordre au travers.
Vivre plus fort, vivre plus vite. Vivre, tout simplement.

Un mois pile que je suis rentrée d'Asie et je brûle déjà de repartir.
J'ai la profonde nostalgie des sourires birmans, des épices thaïes qui emportent la bouche, de l'odeur tenace et écœurante de l'encens. De langues que je ne comprends pas et de l'anglais que je m'efforce de parler sans accent. Des promenades sans but et des visites guidées. Du silence des temples et de la cacophonie des klaxons. Du bruit des ventilateurs et du ressac des vagues.
Cette année, je l'espère, je retaillerai la route. Chargée de mon sac, d'un calepin et d'un appareil photo.Un aller simple en poche, sans date fixe de retour ni plan de voyage. L'inconnu ne me fait pas peur, c'est lui que je viens chercher. Enfin disponible, ouverte, nettoyée de la crasse qui m'oxyde les yeux et m'entartre le cerveau.
Je ne souhaite rien prévoir ni calculer. Juste jouir de la liberté totale d'être ici aujourd'hui, demain où je veux. Il y aura toujours un bus, un train, un bateau ou une barque pour m'emmener.

Tailler la route2En voyage, je me laisse porter par les rencontres.

Je passe une heure, un jour, une nuit ou une semaine avec quelqu'un que je ne reverrai jamais.

Peu m'importe. Nous avons partagé des instants, c'est cela qui compte : le présent mais pas l'après.
Toi, tu as l'heure ; moi, j'ai le temps.
Et si je ne l'ai pas, je le prends.


Bien sûr que certains jours où je regrette d'être là, à l'autre bout du monde. Livrée à moi-même, aux hasards et contrariétés qui m'agressent.

Je tuerais les chiens et les punaises qui m'ont empêchée de dormir la nuit.

J'exterminerais les moustiques qui me dévorent.

Je râle contre une chambre d'hôtel payée dix fois trop cher pour un confort minable.

Je peste contre les 7 heures enfermée dans un bus cahotant.

Je maudis la mousson qui me détrempe, faisant pourrir mes vêtements.
Je suis épuisée, nauséeuse, je vendrais mon âme pour rentrer chez moi.
Puis ras-le-bol et découragement s'estompent.

Le soleil se lève, je suis requinquée, prête à reprendre mon chemin.

Pour certains, le voyage est une fuite. Pour d'autres, une simple évasion. Pour moi, c'est une prise de recul.
À des milliers de kilomètres de ma vie quotidienne, je la saisis sous un autre angle. Je relativise l'accessoire, m'approche de l'essentiel.
La pauvreté des pays que je traverse me rappelle que je suis née avec un frigo plein et une cuillère d'argent dans la bouche. Ma trousse à pharmacie que je serai soignée si je suis malade. Mes carnets que je ne serai pas torturée pour y avoir couché mes idées.
J'ai eu la chance de naître libre dans un pays libre et pourtant, j'ai envie de le quitter.

C'est probablement le paradoxe du voyage : tout avoir et désirer autre chose. Encore plus, peut-être.

Par Chut ! - Publié dans : Voyages, voyages
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